Le
mur oriental des fortifications médiévales de la ville Sion, dit
porte de Covent Synthèse
à l’intention de Dr. Renaud Bucher, conservateur des monuments
historiques
Vue
depuis
le sud-est (Photo: Fabrice Burlet été 1993) Fabrice
Burlet 2009
Introduction Le
mur oriental des fortifications médiévales de la ville de Sion
est désigné dans les sources écrites sous le nom de porte de
Covent. La porte de Covent est un mur oublié. Mis à part les
propriétaires des vignes avoisinantes, rares sont les personnes
qui s’aventurent jusqu’à cette ancienne fortification. C’est bel
est bien pour cela que ce mur peut être considéré comme le
tronçon des murailles de la ville de Sion le mieux conservé. Le
développement de l’enceinte urbaine à l’Ouest relativement bien
connu par les travaux de François-Olivier Dubuis et d’Antoine
Lugon:[1] 1.
Un premier mur hypothétique du Ve/VIe
siècle (les indices sont certains documents et un mur découvert
sous l’église des Jésuites qui est pour le moment daté du Ve/VIe
siècle et qui devrait être étudié d’une façon plus approfondie). 2.
Une fortification vers 1100 au bord de la Sionne
documentée par les allusions postérieures des notaires du bas
Moyen Âge. 3.
Un mur d’enceinte du XIIe siècle autour de
la cathédrale et de St Théodule (quartier in/de
Palacio/Palatio; mentions anciennes du mur pour ce
secteur). 4.
Agrandissement du périmètre des remparts au Nord et au
Sud du quartier de la cathédrale où l’enceinte de la ville est
seulement citée à la fin du XIIIe et au début du XIVe
siècle (y compris la porte de Covent à l’Est – ce qui est
apparemment faux, car il y a une mention du XIIe
siècle; voir plus bas!). C’est ce stade des fortifications que
les gravures (Stumpf, Münster, Merian etc.) nous montrent.
Après
le XIVe siècle, l’aspect général des murs d’enceinte
ne changea plus beaucoup, si on omet la construction d’une tour
carrée à la porte de Savièse (environ XVe siècle),
complétée au XVIIe/XVIIIe siècle par
l’ouverture d’une nouvelle porte à côté de la tour et la
création de la Porte Neuve vers 1742 suite aux inondations de la
Sionne. Les murs de la ville de Sion furent démolis en grande
partie au XIXe siècle.[2]
Il ne subsista que la Tour des Sorciers, les tronçons du mur
vers la rue des Tonneliers et vers Sous-le-Scex (y compris la
tour dite „du Guet“) ainsi que les défenses orientales. Rares
sont les photos qui montrent les bouts d’enceinte aujourd’hui
disparus. Il faut bien sûr aussi penser aux châteaux de Valère
et Tourbillon, bien que ces deux symboles du pouvoir du chapitre
et de l’évêque n’étaient pas forcément nécessaires pour protéger
la ville. Par contre on oublie souvent le fait que le château de
Majorie (résidence du major aux XIIIe–XIVe
siècles, puis palais de l’évêque) comprend des défenses (du XVIIe
siècle?) sur l’arête rocheuse menant à Tourbillon qui se
prolongent au moins jusqu’à la Tour des Chiens datant peut-être
du XIVe/XVe siècle. Ces défenses
protégeaient la ville vers le Nord. Bien que bien visibles
depuis la ville, elles sont aussi tombées dans l’oubli, car
cette zone est fermée au public.
Reste du mur de défense vers la Place du
Midi, l’emplacement de la Porte-Neuve, vers 1930–40. Une des
rares photos des défenses médiévales détruites de nos jours (Raymond
Schmid, Bourgeoisie de Sion, Médiathèque Valais – Martigny,
043phD200-011m: „Rue des Vaches, ancienne porte de l'enceinte,
Sion“). Les
recherches archéologiques récentes menées en 2005–2009 par
Alessandra Antonini et Marie-Paule Guex (bureau TERA Sàrl) ont
donné des résultats mitigés à cause du manque de temps à leur
exécution, ce qui n’a pas permis une étude approfondie. Au Sud
de la ville, les fondations du mur d’enceinte (y compris le mur
de contrescarpe) ne sont pas partout repérables. Le mur s’arrête
d’ailleurs abruptement à un endroit où il y a un mur parallèle.
Cela fait croire à plusieurs phases de (re-)construction d’un
mur d’enceinte qui a peut-être été dans une première phase le
produit de la fermeture des espaces entre des maisons déjà
existantes avant la construction du mur.(?)[3] En
ce qui concerne le palais du Gouvernement, on savait déjà
longtemps que le plan des bases du bâtiment et le plan de 1838 –
montrant les murs urbains et les bâtiments à construire à
l’emplacement de ces murs – font allusion à un mur d’enceinte
(du XIIe siècle?) d’axe nord-sud intégré dans le
palais. Ce mur tournerait dans une première phase à son bout
méridional vers l’Est pour se prolonger vers la Sionne et pour
être prolongé plus tard (vers 1300?) vers le Sud par un mur
moins épais. F.-O. Dubuis avait déjà cru voir une différence
entre la partie nord et la partie sud de ce mur nord-sud.
Alessandra Antonini a constaté en 1998 la différence du
caractère des maçonneries de ces deux parties du mur, ce qui
confirmerait la thèse d’un agrandissement plus tardif de
l’ancien mur de 1.80 m d’épaisseur vers le Sud par un mur de 90
cm d’épaisseur (un mur d’enceinte ou la paroi est du bâtiment
inscrit sur le plan de Schmidt en 1838?).[4]
Plan archéologique du Palais du
Gouvernement.
Extraits du plan du géomètre G. Schmidt
du nord-ouest de la ville de Sion de 1838 (ABS, tir. 96-20/3).
On y voit bien la porte de Conthey fermant
la rue de même nom prolongée par un petit bâtiment rectangulaire
au nord qui toucherait au coin sud-ouest de l’enceinte du XIIe
(?) siècle. Au
Nord on sait que la tour semi-circulaire à l’ouest de Saint
Théodule a été rajoutée (vers 1300?) au mur d’enceinte (du XIIe
siècle?). Pour la tour plus au Nord (sous l’annexe nord du
palais épiscopal) ce fait n’a pas pu être vérifié. F.-O. Dubuis
a seulement pu y observer l’existence des fondations de cette
tour. Par contre les dernières recherches dans la Tour des
Sorciers – menées par Patrick Elsig – ont démontré que la tour
fut rajoutée postérieurement à l’angle de la muraille datant de
vers 1300 (?!). De même on devine dans les plans de la tour
carrée de la porte de Savièse que cette tour a été construite
après le mur.[5]
Vue de Valère et Tourbillon depuis le
Sud-Est, entre les deux collines les défenses orientales de la
ville de Sion (Fabrice Burlet 1991–93). Plus
à l’Est la ville était bien protégée par les parois rocheuses
des collines Valère et Tourbillon, mais seulement des côtés nord
et sud. À l’Est, le vallon entre Valère et Tourbillon se
terminait par deux petits vallons qui permettaient l’accès
depuis le Rhône. C’est ici – juste derrière la vielle poudrière
– que se trouve notre porte de Covent. De nos jours le rocher à
été taillé en partie à pic au bas des deux petits vallons lors
de la construction de la route cantonale qui est suivie par la
voie de chemin de fer. Cela fausse l’idée qu’il faut se faire
des lieux au Moyen Âge, mais l’accès à notre porte paraît
toujours encore praticable, en tout cas en ce qui concerne le
vallon nord. Selon les anciens plans (voir plus bas) le Rhône
coulait dans le temps au pied du massif de Valère et Tourbillon
en laissant un peu de place pour accéder au vallon entre Valère
et Tourbillon. À
part ce point faible – barré par notre mur d’enceinte oriental
–, il faut mentionner 1. la fin du plateau de Tourbillon vers
l’Est qui se termine dans des pentes, bien que raides,
praticables à pied, qui ont été de ce fait fortifiés et 2. un
petit vallon – que j’ai moi-même déjà parcouru à pied – au sud
des rochers de Valère dont le passage est fermé par un court mur
(du Moyen-Âge? – R[6])
aujourd’hui ruiné. Notre porte de Covent semble avoir formée au
plus tard à la fin du Moyen-Âge un ensemble défensif avec les
fortifications orientales de Tourbillon et ce petit mur au sud
de Valère.
Défenses orientales de Tourbillon: 1. les
défenses sur le plateau (Fabrice Burlet été 1993). 2. le mur
barrant le talus au sud (Fabrice Burlet printemps 1991).
Le mur bloquant le passage au sud du
plateau de Valère (R – Fabrice Burlet: 1. vers 1991–93. 2. en
juillet 2009) Dans
son rapport du 25 novembre 1959 F.-O. Dubuis décrit les
fortifications orientales et en donne une interprétation. C’est
avec un passage de ce rapport que nous arrondissons notre
préface et donnons déjà une idée sur la situation géographique
du mur en préparation à sa description. La numérotation
correspond au plan qui se trouve plus bas: „La marge orientale du massif est
marquée, en son centre, par deux vallons relativement faciles,
permettant de monter des berges du Rhône jusque dans le vallon
situé entre Valère et Tourbillon. Le caractère praticable de ce secteur est
attesté non seulement par l’examen actuel des lieux, mais aussi
par des chroniques de la fin du moyen âge, rapportant que les
Sédunois assiégés par l’armée savoyarde et voyant la ville
inférieure complètement investie, recevaient, par un sentier
utilisant ces vallons, le ravitaillement apporté clandestinement
par des paysans. La maîtrise de ces points faibles était
donc indispensable à la défense militaire de Sion, tant pour
assurer une chance de contact avec le Valais supérieur, que pour
interdire à l’assiégeant un terrain trop favorable à ses
desseins. C’est apparemment dans le cours du XIVe
siècle qu’un programme de constructions fut exécuté, tendant à
assurer cette maîtrise. Une haute muraille crénelée fut bâtie au
sommet de la pente la plus rapide, de manière à commander à la
fois les deux vallons montant du Rhône. La partie centrale de ce
barrage, portée par une éminence rocheuse entre les deux
vallons, fut traitée en bastion saillant [S4], permettant le tir
de flanquement le long des courtines que l’assaillant
rencontrerait d’abord. Pour faciliter les éventuelles sorties,
comme aussi le passage de messagers et de ravitailleurs, une
porte fut aménagée, à la base d’une petite tour [S2], non loin
du bastion central: l’accès pouvait ainsi être facilement
interdit. Ce premier dispositif a été longtemps
entretenu, même réparé ou perfectionné. On peut voir encore que
les murs ont été refaits anciennement dans leur partie
supérieure. L’ensemble a présenté une utilité militaire
considérable jusqu’en 1475, ce qui justifie bien son entretien.“[7]
Croquis des défenses orientales de F.-O.
Dubuis, daté du 1er avril 1959 (Archives des
Monuments Historiques, C 136/1402). La
datation de la porte de Covent au XIVe n’est pas
sûre, vu qu’elle existerait selon les documents déjà au XIIe
siècle. Mais cela ne veut pas dire que cette datation du mur
existant est nécessairement fausse, tout au contraire. Description du mur d’enceinte est - essai
d’une interprétation Aperçu
et généralités Les
défenses orientales de Sion barrent les deux vallons à l’est du
massif de Valère et Tourbillon et se trouvent en perpendiculaire
par rapport à la pente. Elles sont à peu près dans l’axe NE–SW,
mais en respectant le terrain chaque secteur du mur à une
orientation différente. Du
côté de Tourbillon, le mur d’enceinte commence sur le haut d’une
bande de rochers qui surplombe le vallon nord (S7), pour
descendre dans le vallon et le traverser (S5), afin d’aboutir au
bastion central (S4) couronnant une petite arête rocheuse.
Depuis le bastion S4 le mur S3 continue jusqu’au bord de la
falaise du vallon sud. Ici se trouve une petite tour saillante,
agrandie pour servir de pavillon de vigne (S2). Ici le mur
retourne approximativement en angle droit vers la ville pour
suivre quelques mètres le bord de la falaise et finalement
traverser le vallon sud (S1).
Vue depuis l’Est (Fabrice Burlet été
1993): À gauche la porte de Covent entouré de vignes, à droit au
sommet de Tourbillon les défenses orientales de ce château. Vu
d’en haut le mur n’a pas l’air très haut, car là où il barre les
vallons le terrain a été surélevé du côté intérieur à un moment
non déterminé pour correspondre approximativement à la hauteur
de la bande de rochers entre les deux vallons qui porte le
bastion central (S4). Sur le terrain surélevé à l’intérieur du
mur il y a aujourd’hui des vignes: Notre mur fait aujourd’hui
office de mur de terrassement pour les pour ces vignes. C’est à
l’extérieur qu’on peut apprécier la hauteur du mur, variant
peut-être entre 5 et 10 m. La hauteur de la partie nord-est (S5)
est très impressionnante. L’appareil
du mur est fait de pierres peu taillées et de dimensions
multiples, ce qui n’aide pas à sa lecture. En S3, la partie
extérieure du mur est encore en grande partie recouverte de
crépis. Les changements de matériaux ne signifient pas forcément
de nouvelles phases de construction. F.-O. Dubuis a proposé dans
ses notes de dater le mur en le comparant à Tourbillon et à la
Tour des Sorciers vers 1300 (dans son rapport: XIVe
siècle) et le „parapet avec ses embrassures très simples“ du XVe/XVIe
siècle. Malgré cette proposition, il n’est pas impossible que le
mur ait été construit en une fois ou qu’à l’inverse il a été
plusieurs fois reconstruit. En tout cas on ne trouve à nulle
part un bel appareil régulier du XIIe siècle, ce qui
ne signifie pas forcément qu’il n’y ait pas de parties très
anciennes intégrées dans les maçonneries existantes (!). Pour
plus d’informations, il faudra attendre une analyse
archéologique détaillée. Il
faut noter qu’on trouve des meurtrières dans S7, S5, S4 et dans
le prolongement de la petite tour S2 vers S1 ainsi que des
fenêtres dans la tour. S3 ne semble jamais avoir été doté de
meurtrières. Le mur est couronnés de créneaux en S3 et S4. Le
mur S5 – dont la partie nord s’est effondrée en février 1955
pour être reconstruite partiellement fin 1960 – est trop
endommagé dans ces parties anciennes pour être sûr qu’il
possédait aussi un crénelage, bien que cela paraisse fort
possible. Dubuis a écrit en 1959 dans ses notes et dans
l’explication d’une photo que le crénelage était tombé. Le
dessin de Jean-Adrien de Torrenté montre vers 1760 un crénelage
en S5. Verra-t-on une amorce de créneau en enlevant le lierre là
où S5 rejoint le bastion S4?
Extrait du plan du Sion médiéval (Fabrice
Burlet 1994). Les
défenses orientales risquent la ruine totale, si rien n’est fait
ces prochains mois. De manière générale, on peut constater que
les pierres du couronnement des défenses sont toutes disloquées
et tombent une par une. De plus le mortier s’est désagrégé
massivement dans certaines parties de l’élévation, ce qui
provoque la chute des pierres disloquées et pourrait conduire à
l’écroulement de certaines parties du mur. Un certain danger
d’effondrement total pourrait aussi être envisagé aux endroits
où le mur est posé directement sur le rocher et où les pierres
inférieures servant d’assise à toute l’élévation tombent les une
après les autres (par exemple en S3). Depuis
1991 le lierre a pris possession du bastion et de la partie
avoisinante de la courtine S5, où il fait lentement sauter les
maçonneries. Dans un coin du bastion, on s’est amusé à démonter
le mur pierre par pierre. Dans
un futur proche, il faudra procéder à l’analyse archéologique du
mur, en faire des relevés exacts et enlever la végétation
(lierre, buissons etc.) qui le détruit lentement, mais
efficacement, afin de pouvoir commencer les travaux de
consolidation qui sont maintenant plus qu’urgents. Sinon Sion
perdra le témoin de ces défenses médiévales le mieux conservé. Description
détaillée Le
bastion saillant (S4) forme en quelque sort la pièce maîtresse
du mur en contrôlant les deux courtines (S3 et S5) partant du
bastion ainsi qu’une face de la tour S2. Ce bastion donne une
certaine monumentalité à l’ouvrage fortifié, surtout si on le
regarde depuis le bas. Il est pourvu de meurtrières et couronné
par des créneaux. Les créneaux ne sont pas disposés dans une
belle harmonie par rapport aux meurtrières. Il se peut qu’une
meurtrière vers le Sud-Est fût éliminée dans le passé là où le
mur est fait de grosses pierres. Vue de S4 depuis l’extérieure. On
remarquera que la grandeur des pierres utilisées est très
variable – on aperçoit le plus de grandes pierres à gauche (une
réfection ultérieure?) – et que l’état de conservation du
mortier varie beaucoup. En bas à gauche, on remarquera un
appareil fait de pierres assez petites (un simple changement de
matériel ou une autre phase de construction plus ancienne?).
1. Le bastion vu depuis l’intérieur. Le
terrain n’y est pas régulier. Il y a un trou vers le milieu du
mur. 2. Le coin SE du bastion. Ici le mur a été dernièrement
endommagé: Les fenêtres ont été agrandies par des vandales (Une
quatrième fenêtre juste à gauche dans la façade principale a
également été endommagée!)! Deux de ces fenêtres étaient
d’ailleurs murées jusque dans les années 90 pour être rouvertes,
il n’y a pas longtemps! La fenêtre au centre était déjà ouverte
en 1959.
Le bastion vu depuis le Sud-Est. (1.
F.-O. Dubuis 1959. 2. Fabrice Burlet été 1993. 3. idem 2009).
Mis à part l’ouverture de deux des trois meurtrières, il n’y a
heureusement que peu de pierres du couronnement qui sont
tombées. Le
mur S3 se trouvant entre le bastion et la petite tour S2 a gardé
une partie de son crépi à l’extérieur. Par contre son
couronnement est en fort mauvais état. Les pierres y sont
disloquées et tombent les une après les autres. La petite porte
qui est aujourd’hui le seul passage permettant de traverser le
mur est moderne. À l’extérieur, les pierres assises sur le
rocher qui sert directement de fondation, sans être spécialement
aménagé, sont en partie tombées, ce qui pourrait à la longue
provoquer l’effondrement du mur.
Le mur S3
depuis l’intérieur: 1. depuis le bastion S4. 2. depuis la tour
S2. Photos de 2007 (Renaud Bucher) et de 2009 (Fabrice Burlet).
S3 depuis
l’extérieur (Fabrice Burlet 2009 et été 1993). Au sud-ouest du tronçon du mur S3 se trouve la petite tour d’angle
citée par Dubuis, également saillante par apport à S3 et
couronnée par un toit en pente. La maçonnerie de la tour
comprend plusieurs phases de construction qui ne sont pas
faciles à séparer les unes des autres. La tour a été agrandie entre 1959 et 1991 – à en moment non
déterminé par notre documentation – vers le Nord-Ouest pour
servir de maison de vigne en englobant le mur qui prolongeait la
façade sud de la tour vers le Nord-Ouest tout en gardant son
axe, car ici la tour et son prolongement suivent tout simplement
le haut de la petite falaise délimitant le vallon sud. Les
petites meurtrières dans le mur (aujourd’hui détruites ou
intégrées dans le pavillon de vigne?) ressemblent aux
meurtrières de S5 qui sont beaucoup plus petites que celles du
bastion S4. La face sud de la tour comprend une grande fenêtre
rectangulaire et une longue meurtrière murée. Cette dernière
ressemble aux meurtrières du bastion.
1. La tour S2
en 1959 (F.-O. Dubuis). 2. son agrandissement état 2009 (Fabrice
Burlet). Dans l’état actuel, on ne voit pas, si les meurtrières
du mur d’enceinte ont été détruites. Leur emplacement est sous
le revêtement du mur. On remarquera la fente qui sépare deux
phases de construction vers l’angle de la tour. Je n’ai pas pu
constater, si la meurtrière murée est encore visible. Les façades est et nord de la tour comprennent chacune deux
grandes baies d’un aspect assez moderne qui semble vouloir faire
à l’ancien: Il se peut que la tour ait déjà été remaniée vers
1900. Par contre la grande porte aménagée dans la face nord de
la tour – aujourd’hui la seule entrée au pavillon actuel –
pourrait être un peu plus ancienne (XVIIe/XVIIIe
siècle?). Le dessin vers 1800 nomme la tour Porta
Conventus et la représente de telle sorte qu’on voie cette
porte. Dubuis pourrait avoir vu le dispositif d’entrée intact,
car pour lui la porte était à l’origine aménagée dans cette
tour. Ce serait une tour-porche du type de la porte de Savièse
et de l’entrée de Valère où deux portes se suivent, pas dans
l’axe principale, mais forcent les gens à faire un virage entre
une porte extérieure et une porte intérieure. Pour le moment on
a de la peine à s’imaginer une autre entrée que cette porte, vu
que le passage actuel est moderne. On
notera dans les faces est et nord les trous à boulins. Je
n’ai pas visité l’intérieur du pavillon de vigne. …
S1–S3: 1. Extrait du dessin de
Jean-Adrien de Torrenté vers 1760. 2. Extrait du dessin vers
1800.
1. La face nord de la tour S 2 (Fabrice
Burlet 2009). 2. Sa face est (Fabrice Burlet 2009). On remarquera les deux trous à boulins.
Dans la face Est, on trouve au-dessus des
deux fenêtres un écusson de la ville de Sion en remploi.
(Fabrice Burlet 2009).
S2: Le bas de la face Est comprend
nombreuses réfections. Il semble qu’il y ait eu plusieurs
ouvertures dans le mur (Fabrice Burlet 2009). Le
mur S1 fermait en prolongation à la courtine aujourd’hui intégré
dans le pavillon de vigne le vallon sud en le traversant en
angle droit. Le mur servant aujourd’hui de soutien à la vigne
est arasé jusqu’au niveau de la vigne. On notera l’existence
d’un arc de décharge.
Le mur S1 et son arc de décharge (Fabrice
Burlet 2009). Le
mur S5 qui ferme le vallon au nord du bastion S4 s’était écroulé
dans sa partie nord en février 1955, ce qui a permis de faire
une photo de la coupe du mur: Le haut du mur (l’emplacement
chemin de ronde?!) est moins épais que le gros du mur dans la
partie basse. Vers S4, on voit encore maintenant cette
différence d’épaisseur au niveau du sol. Vers
S4 subsistent encore des fenêtres, mais le lierre en disloque
les pierres ce que j’ai constaté en touchant les pierres presque
complètement cachées par le lierre. Plus vers le Nord le sommet
du mur est déjà longtemps ruiné. Les pierres s’y détachent une
par une. Les trous (de boulins?) encore visibles en 1959
semblent avoir complètement disparus.
1. C’est en S5 que la défense est la plus
haute (Fabrice Burlet 2009). À droite la partie du mur qui s’est
écroulée en 1955 pour être reconstruite en 1959. Le mur S7
surplombe S5. 2. La partie sud de S5 qui rejoint le bastion S4
(Fabrice Burlet 2009). Au milieu on aperçoit à ras du sol la
partie basse du mur d’une plus grande épaisseur qui est
aujourd’hui enfuie sous la terre.
Le mur S5 en 1959 (F.-O. Dubuis): Tout à
gauche le mur S7, puis la partie effondrée de S5, puis les trous
(à boulins?), et pour finir les meurtrières aujourd’hui caché
par le lierre. Est-ce que le crénelage du bastion S4 continuait
en S5?
1. Coupe à travers S5, là où le mur
s’était effondré (F.-O. Dubuis 1959). 2. La partie centrale de
S5 (Renaud Bucher 2007). Les vestiges y sont moins hauts que
vers S4 et sont à leur sommet en état de désagrégement total. La
partie S7 perchée sur une bande de rochers surplombe S5. On y
voit des meurtrières et une porte en S6 dont le linteau finira
par tomber, si rien n’est fait. L’amorce de S5 juste sous la
porte risque de bientôt s’effondrer en emportant des parties de
S7. La
porte surélevée S6 permettait l’accès à cette partie de la
défense depuis S5, ce qui peut faire penser à une sorte de
réduit qui barrait la montée à Tourbillon. La
continuation du mur vers l’Est n’est pas claire, car le mur de
fortification disparaît dans un mur de vigne plus jeune qui
pourrait comprendre des éléments plus anciens. Au sein d’une
analyse archéologique du mur, il faudra essayer de suivre la
continuation du mur dans les murs de vigne. Un raccordement à
l’enceinte orientale de Tourbillon est tout à fait plausible,
car il suffisait de fermer les passages entre les rochers.
1. Vue de S7 depuis S5 (Renaud Bucher
2007). 2. La porte en S6 (Fabrice Burlet 2009) Il
faut aussi noter l’existence d’un mur au sud de Tourbillon se
trouvant au sommet de la falaise méridionale. Les restes de ce
mur ont une hauteur maximale d’environ 1 m vers le bas. Vers le
haut, l’arrière du mur est rempli de terre. On ne sait pas, si
ce mur était un mur de vigne ou une défense qui reliait
l’enceinte occidentale de Tourbillon aux fortifications
orientales de ce château ou/et à la porte de Covent.
En dessous du château de Tourbillon les
restes d’un mur (de fortification ou de soutènement pour des
cultures?) perché au sommet de la falaise et plus bas un curieux
mur percé d’une porte séparant les vignes, non loin de la limite
actuelle des terres du chapitre et de l’évêque resp. Tourbillon
(Fabrice Burlet juillet 2009).
Le cadre historique Les
documents que nous disposons pour le mur urbain oriental sont un
choix, il y en aurait sûrement bien plus, peut-être dans les
sources sérielles des Archives de la Bourgeoisie de Sion
(comptes, protocoles etc.) et surtout dans les archives du
chapitre. Notre choix est dicté par l’accessibilité des
documents: Les sources éditées par Gremaud semblent être les
plus importantes. Ce sont celles qui touchent à des faits
majeurs qui vont plus loin que de simples actes de ventes ou des
reconnaissances de fief. Nos
recherches ponctuelles dans archives de la Bourgeoisie qui se
sont concentrées sur les fonds qui apparemment laissaient
espérer de nouvelles connaissances n’ont livré que peu de
résultats, car la ville n’avait en soi pas grande chose à faire
avec notre mur. Pour le reste des fortifications de la ville de
Sion, elles s’avèrent par contre être une vraie mine d’or. De
recherches plus approfondies dans les archives de la Bourgeoise
permettraient surtout à découvrir des actes de ventes où notre
porte de Covent serait nommée comme point de repère
topographique. De ce type d’actes – qui livrent aussi des
informations sur toutes les fortifications de la ville –, on en
trouve aussi dans les archives du chapitre, et bien plus qu’aux
archives de la Bourgeoisie. Ce sont les archives du chapitre qui
nous permettent de découvrir plus d’informations directes sur
notre mur, le chapitre étant directement concerné. Lorsque cela
concerne aussi la ville, on pourrait attendre un exemplaire de
la charte en question dans les archives Bourgeoisiales. Nous en
avons jusqu’à maintenant trouvé aucune trace, ne voulant pas
lancer une recherche systématique. Limitées
par le temps nos connaissances des documents du chapitre sont
basées sur Gremaud. Puis nous avons pu consulter les documents
réunis par Antoine Lugon dans les Archives du Chapitre et de la
Bourgeoisie (surtout des actes de ventes et des reconnaissances
de fiefs qu’il avait rassemblés dans ces recherches sur la
topographie et l’histoire de Sion). Nous
avons aussi consulté la collection de documents de la Cible
(chantier de Valère), où se trouve seulement un document
concernant la porte de Covent, mais bien plus de sources qui
citent les portes de la ville qu’on retrouverait bien sûr aussi
dans la collection d’Antoine Lugon. Il
nous a été impossible de chercher la porte de Covent lorsqu’elle
ne serait pas nommée explicitement que ce soit dans Gremaud (y
compris les documents sur Tourbillon que Patrick Elsig avait
tiré de Gremaud) ou au sein des sources réunies par Antoine
Lugon. On
aurait pu pousser les recherches très loin, pour ne probablement
pas apprendre beaucoup plus sur notre mur, vue qu’une telle
recherche devrait faire partie d’un plus grand cadre, par
exemple une recherche sur l’ensemble des fortifications
médiévales pour ne pas déborder dans l’inefficience totale. Les
sources que nous avons à disposition permettaient de situer la
première mention de la porte de Covent au XIIe
siècle, de prouver que notre mur Est correspond à ce que les
sources appelaient la porte de Covent et de montrer que cette
fortification dépendait du chapitre. D’un point de vue
qualitatif, notre documentation a l’air solide. Il n’est à
priori pas vraisemblable qu’une recherche systématique nous
rapporte qualitativement plus, mis à part des notes de
construction ou des informations sur la garde de la porte.
Peut-être en trouverait-on dans les actes sur un procès mené au
XVIIe siècle entre la ville et le chapitre au sujet
de la juridiction Selon l’aimable indication de Chantal
Amman-Doubliez ces actes devraient se trouver aux archives de la
Bourgeoisie. La
porte de Covent est mentionnée la première lors de la
confirmation par l’évêque Amédée de la donation de l’église de
Loèche et d’un sens par l’évêque Louis au chapitre. Cette
donation pourrait avoir suscité une certaine opposition,[8]
fut-elle confirmé par l’évêque en présence de l’archevêque
Pierre de Tarentaise qui y apposa son sceau. Il ne figure pas de
date dans cette charte, mais on peut suivre Gremaud pour la
dater dans les années 1162 à 1178 d’après la mention des
évêques.[9]
La
charte ne concerne pas seulement la donation de l’évêque Louis,
car elle stipule aussi que c’est le chapitre qui doit prendre en
charge la garde de la porte de Covent lorsque l’évêque l’exige:
De
custodibus, quando necessitas incubuerit, exigente episcopo
capitulum iiii / custodes quos voluerit et etiam plures, si
neccessarium esse cognoverit, ad portam de Covent ponet. A
cette époque, une partie du chapitre s’était installée à Valère
où selon Holderegger les chanoines avaient commencé vers 1100 la
construction d’une nouvelle et deuxième église cathédrale.[10]
Les biens communs de l’évêque et des chanoines avaient été
séparés. De ce fait, tout porte à croire que l’évêque qui
possédait la ville de Sion y compris des droits royaux que nous
ne connaissons pas concrètement (une curtis
royale ou un château servant de siège à un comte avant 999?)
jusqu’à cette séparation n’avait pas seulement concédé certaines
propriétés dans la ville – surtout la colline de Valère – à son
chapitre, mais aussi certains devoirs. Comme la porte de Covent
ne se trouve pas loin du château des chanoines, il en va de soi
que se soient eux qui se chargent de la garde de cette porte,
l’évêque se chargeant de à ce que la garde soit faite pour le
reste de la ville. Cette façon de voir de l’évêque fut fixée
définitivement lors de la confirmation de l’église de Loèche
comme bien capitulaire. La première mention de la porte de
Covent se fait dans une sorte de traité qui ne confirme pas
seulement des droits du chapitre, mais stipule aussi une
obligation des chanoines. Vu
le fait qu’il n’y a pour le moment pas de certitude que les
défenses orientales dont nous traitons englobent des vestiges du
XIIe siècle, nous ne pouvons pas affirmer que la
porte de Covent du XIIe siècle se trouvait exactement
à l’emplacement des défenses encore existantes qui datent au
plus tard du XIVe siècle. Malgré cela la porte du XIIe
ne peut être pas très loin de l’emplacement actuel, car – comme
nous allons le voir – les documents du XIVe siècle
fixent notre porte et le rocher de Covent dans cette région. De
plus l’endroit est bien choisi pour fermer l’accès à la ville. Au
XIVe siècle, ce cadre avait changé: Ce que les chanoines ont
peut-être 200 ans plus tôt considéré comme fardeau, devint un
droit – de fait la propriété de la porte de Covent – que le
chapitre défendit contre les prétentions de la jeune commune de
Sion. La ville de Sion s’était entre-temps constitué comme
communauté qui gérait de façon autonome certaines affaires que
l’évêque lui avait confiées. La ville était entre autres
responsable de la garde du mur urbain, ce qui lui permis
d’exiger à ce titre aussi la garde de la porte de Covent qui
dépendait déjà depuis longtemps plus de l’évêque, mais du
chapitre. Le
1er avril 1339 un accord fut conclu entre le chapitre
et la ville. Le chapitre s’était entre autres plaint que la
ville avait occupé en 1338 la garde de la porte de Covent (porte
Conventus, selon le copiste de 1461) – qui appartenait au
chapitre depuis un temps si éloigné que personne se rappelait du
contraire – et que les habitants de la ville étaient entrés lors
de la vacance du siège épiscopal, survenue après la mort d’Aymon
de la Tour, par la force dans le château de Tourbillon pour le
fortifier. Ainsi ils auraient fait préjudice au chapitre et à la
mense épiscopale. Les citadins avaient répliqué que la garde à
Covent leur appartenait comme celle de toutes les autres portes
de la ville et qu’au sujet de Tourbillon ils se chargeaient de
la garde de colline lors des vacances du siège épiscopal ou de
dissensions déjà bien avant la construction du château.[11] Le
compromis de 1339 donna dans le fond raison au chapitre, tout en
acceptant certaines revendications de la ville. Ainsi la garde
de Covent resta dans les mains du chapitre qui fut contraint
d’arrêter les personnes qui fuyaient la ville par la porte de
Covent soi-même ou d’en permettre l’arrestation par les
citadins.[12]
De même la garde du château de Tourbillon resta dans les mains
du chapitre lors des vacances du siège épiscopal. En
juillet 1346 – dans le cadre de nouvelles différences, cette
fois entre l’évêque et le chapitre – fut menée une enquête au
sujet des droits de justice du chapitre qui avait la pleine
juridiction dans le château de Valère et faisait emmener les
prisonniers faits sur ses terres à travers la ville de Sion
jusqu’à son château. L’un des témoins déclara que la garde de la
porte de Covent appartenait au chapitre:
VII testis, XII die mensis
julii, Petrus Barbitonsor dixit quod capitulum habet gardam
et custodiam in porta de Covent.[13] Dans
le livre de la métralie 2 on apprend par une note rédigée vers
juillet 1370 que les gens de Mase payaient un sens pour la garde
de la porte de Covent:[14]
Il y avait des revenus capitulaires destinés à la garde de la
porte. Mais on ne sait pas vraiment comment cette garde était
organisée. Et il nous manque jusqu’à aujourd’hui toutes
informations sur les travaux de construction et de restauration
du mur. La
porte de Covent servait aussi de limite aux novices du chapitre,
ce qui ressort des statuts du chapitre datant du 8 mai 1320: […]
et
si exeat usque ad portam de Covent vel curiam domini
episcopi, et eciam si veniat aut eat per campum putei usque
ad capellam Sancti Genesii. […].[15]
Extrait du croquis de 1800 (?), ABS, tir.
99-13. En
ce qui concerne la localisation de la porte de Covent, vers 1800[16]
un érudit qui en avait fait un croquis la connaissait sous le
nom de porta Conventus.
Mais ce savoir s’est perdu. Louis Blondel a cherché à localiser
la porte au sommet de la rue des Châteaux, pour identifier notre
fortification orientale avec la „porte ultime“ cité en 1302.[17]
C’est F.-O. Dubuis et A. Lugon qui ont montré – en traitant en
1985 les murailles urbaines au sein du développement de la ville
– que notre mur d’enceinte oriental était identique à la porte
de Covent: „Le
problème de la limite opposée, à l’est du Sion médiéval, a peu
intéressé les historiens. […] Louis Blondel toutefois propose
que les quartiers médiévaux aient été fermés au levant par une
enceinte (avec la porte de Covent)
au haut de la rue des Châteaux. Cette limite d’extension fixe un
ordre de grandeur pour la ville, mais l’existence d’une
fortification à cet endroit est douteuse. La porte de Covent
se trouvait à l’extrémité orientale du vallon. Le toponyme est
fixé par exemple grâce à un acte de 1318: une vigne située subtus
saxum Valerie de Covent, se trouve juxta
Rodanum. La porte de Covent
qui, avec la chapelle Saint-Genis et la résidence épiscopale de
la cité, servait de limite aux novices du chapitre, est donc
apparemment la même que la porta
ultima mentionnée en 1302.“[18] L’acte
du 30 novembre 1318 permet bel et bien à déterminer le lieu
nommé Covent. La vigne se trouve sous le rocher de Valère de
Covent (saxum Valerie de
Covent) et proche du Rhône.[19]
Cela nous amène dans la région de notre mur oriental et de la
vieille poudrière qui se trouvent dans les deux petits vallons
juste en dessous de la petite crête rocheuse qui termine le
plateau à l’est de Valère. De nos jours encore c’est à
l’extrémité orientale des collines de Valère et Tourbillon que
le Rhône se rapproche le plus des rochers de Valère. Le saxum
Valerie de Covent, est-ce seulement le bout oriental du
plateau de Valère ou englobe-t-il aussi notre mur est y compris
l’espace un peu plus haut où se trouvent aujourd’hui la
poudrière et des vignes? Les deux possibilité sont
topographiquement possibles, parce que la description de ce
rocher (ou de cet espace rocheux) est liée en 1318 au Rhône et à
Valère. Cependant
le mot de Covent pourrait être lié grâce à un document de 1337 à
la description de cette région qui engloberait l’extrémité est
du plateau de Valère et celle du vallon entre les deux châteaux.
À part la détermination géographique par le rocher de Valère de
Covent c’est en combinant le nom de Covent avec la porte qui
sert à fixer géographiquement les terrains des alentours. Mais
il se pourrait même que la combinaison du nom et de la porte
soit un nom de lieu. Le petit peu de franco-provençal qui se
trouve dans un texte de 1337 y fait allusion: Le 9 février 1337
un pré est situé dans le lieu nommé en
porta de Covent et proche du Rhône.[20]
1. A gauche le mur et à droite la
poudrière, derrière cette dernière les rochers bordant le
plateau de Valère à l’est. 2. La vue inverse. – Tout cela serait
la région de Covent? Le
25 mars 1302 l’évêque Boniface de Challant, le constructeur du
château de Tourbillon, reçu en échange des champs vers
Tourbillon allons jusqu’à la porta ultima et acquit une partie d’un champ au pied de Tourbillon,
ce qui nous laisserait penser que l’évêque cherchait à arrondir
ses possessions aux alentours de son nouveau château. Si on ne
veut pas chercher une autre porte, par exemple dans les ruines
des défenses orientales de Tourbillon (contemporaines au château
ou plus tardives?
[21]),
cette
porte ultime doit forcément correspondre à la porte de Covent
qui – étant située à l’extrême est du vallon entre Valère est
Tourbillon – est une porte ultime. Sur la signification du mot
de Covent, nous nous prononcerons plus bas. Les
documents du XIVe siècle qui donnent des points de
repère topographique – d’ailleurs tous récoltés par Antoine
Lugon – situent les terrains bordants la porte de Covent dans
les alentours du Rhône et sous Tourbillon,[22]
ce qui correspond à la localisation du saxum
Valerie
de Covent, comme nous venons de la proposer plus haut. Les
documents font allusion à l’existence de champs, prés, vignes et
vergers dans les alentours du saxum
Valerie de Covent resp. de la porte de Covent. L’essai de
faire une topographie des terrains et de leurs propriétaires
autour de la porte de Covent d’après les sources écrites a
échoué dans un premier pas. Peut-être cela n’est pas possible,
car malgré le fait que les documents citent quasiment tous les
bordiers d’un terrain, ils parlent chacun pour soi d’une vente
ou d’une autre transaction de terrain, sans vouloir livrer une
liaison directe aux descriptions des lieux contenues dans les
autres actes. Le cadastre moderne viendra seulement bien plus
tard. La
première vigne connue dans les alentours de notre porte – nous
l’avons déjà vue – est citée dans l’acte de 1318 étant sous le
rocher de Valère de Covent. Mais cela n’exclut nullement que les
vignes y existaient déjà bien longtemps avant cette première
mention. Dans un acte de vente du 6
décembre 1347 il est question d’une autre vigne située –
effectivement – vers la porte de Covent, sous le rocher de
Tourbillon et au-dessus de la voie publique menant de la porte
de Covent au Rhône.[23]
Un autre chemin est cité dans une charte de chancellerie du 11
février 1348: Un terrain y est décrit étant vers la porte de
Covent et sous le chemin de Tourbillon qui mène vers les
Plastreyres (plâtrières?).[24] Par
contre je n’ai pas trouvé de traces d’autres bâtiments que le
mur de fortification. La maison la plus proche pourrait bel et
bien être celle qui appartenait au chanoine Thomas de Blandrate
et qui se trouvait tout proche de la chapelle de Tous les Saints
que le chanoine de Blandrate avait fondée en 1325. La ville
n’allait pas jusqu’à la porte de Covent. Elle se terminait
environ au sommet de la rue des Châteaux. Tout de même cela
n’exclut pas l’existence de huttes ou de l’un ou l’autre
bâtiment agricole dans les environs de notre porte. La poudrière
fut construite bien plus tard que le XIVe siècle,
peut-être au XVIe siècle. Le
mur est de la ville de Sion était de fait, si pas de
jure, la propriété du chapitre qui en avait la garde. En
direction de Tourbillon c’est l’évêque qui est propriétaire de
certaines parcelles. Par contre il n’est pas clair, si les
détenteurs „privés“ des terrains bordants la porte de Covent
tenaient ces terrains en fief du chapitre. Les actes de ventes
ne semblent parler ni de fiefs capitulaires, ni de sens revenant
aux chanoines, mais cela ne signifie pas forcément que ces
terres étaient allodiales. Aujourd’hui
le mur appartient à un particulier qui possède aussi les vignes
en dessous du mur. La vigne du chapitre se trouve juste
au-dessus du mur pour ainsi dire le toucher. Mais nous ne savons
pas, depuis quand le mur n’appartient plus au chapitre. Est-ce
par hasard qu’un géomètre ait tiré la limite de telle sorte que
le chapitre – peut-être à ce moment pas trop intéressé par ce
vieux mur, à part le fait qu’il lui sert de soutènement pour sa
vigne – perdit son vieil ouvrage fortifié? Il se aussi peut très
bien que le chapitre ait vendu ses vignes sous son vieux mur.
Mais il se pourrait aussi que le chapitre ait perdu une partie
de ces vignes à cause de confiscations lors de l’occupation
française. Aurait-on à cette époque donné tous les fiefs à leurs
détenteurs, de tel sorte que le chapitre conserva seulement les
terres qu’il administrait lui-même? Cette question de propriété
n’est pas seulement intéressante pour l’étude de notre porte de
Covent, mais me semble faire partie des lacunes dans nos
connaissances sur l’époque de transition de l’Ancien Régime au
canton moderne. Nous avons trouvé une piste qui pourrait
élucider cette énigme. Vers
1800 un „érudit“ s’est intéressé à un terrain (la parcelle
actuelle no 1566?) qui se trouve juste au bas de
notre enceinte et a résumé son savoir sur une double feuille de
papier: Une page résume l’histoire de la propriété de ce
terrain, une autre le localise à l’aide d’un croquis qui montre
une vue de notre porte de Covent depuis le Sud. Ce document date
probablement de 1800, peut-être seulement de 1832. 1800
correspond à la dernière date écrite par l’auteur anonyme de ce
document. L’inventaire de la Bourgeoisie date le document de
1832 – s’il ne s’agit pas de la date d’entrée du document aux
archives Bourgeoisiales. C’est la même main que dans
l’inventaire de la Bourgeoisie qui a rajouté un titre au sommet
du dessin. Ce
document nous apprend – sauf erreur de transcription – que c’est
en 1673 – date corrigé de 1773 en 1673, si ce n’est pas
l’inverse – que le chapitre vendit le terrain à la Bourgeoisie
de Sion. Puis le terrain fut vendu (?) en 1728 à une Mme Inalbon
et passa en 1798 lors du partage bourgeoisial en main privée.
Dans l’extrait du document de 1673 (?) on apprend que ce terrain
touche aux défenses de la porte de Covent. Il n’est à ce moment
pas question de la vente du mur de défense qui paraît encore
appartenir au chapitre.(?!) Pour
en savoir plus il faudrait retrouver le document de 1673 et
chercher d’autres textes en relation avec le partage
bourgeoisial ou concernant les propriétaires des terrains
avoisinants.
[25] La
porte de Covent et surtout son nom – porte de Covent, porta de Covent (si pas porta
de Couent), porta conventus et saxum
Valerie
de Covent ainsi que la dénomination d’un pré en porta de Covent – intrigue les historiens qui ne savent pas
vraiment comment expliquer le nom de cette porte: „Elle se
trouvait dans le rempart qui barrait l’extrémité orientale du
vallon entre Valère et Tourbillon. Le nom a-t-il un rapport avec
le propriétaire des lieux, le Vénérable Chapitre de Sion, qui
est lui-même une assemblée, un conventus?“[26]
Le nom de la porte fait-t-il référence à un lieu, à un couvent
ou à une assemblée? Comme
pour la plupart des portes de la ville (la porte de Loèche, la
porte de Savièse, la porte de Conthey etc.) on pourrait penser
que Covent soit le nom d’un lieu. Mais nous ne connaissons pas
de hameau à l’extérieur de Sion qui porterait ce nom. S’il y en
avait existé un, il aurait disparu ou changé de nom, ce qui
n’est pas tout à fait impossible. Covent
pourrait aussi être le nom d’un pré, d’une colline ou d’un
rocher. Le terme saxum
Valerie de Covent semble impliquer que les rochers au bout
du plateau à l’est de Valère portaient le nom de rocher
de Covent, avant que Covent soit devenu le nom de la
porte. Mais cette solution n’explique pas pourquoi ce nom aurait
été donné aux rochers et n’exclut pas qu’à l’inverse le nom ait
été transmis de la porte aux rochers qui la surplombent au
sud-ouest. De plus Covent pourrait – comme nous l’avons déjà dit
– dès le début avoir désigné l’espace du mur est, de la
poudrière et de la partie la plus à l’est de la colline de
Valère. Admettant
que du XIIe au XIVe siècle, on ait encore
compris la signification du mot Covent,
il faut constater qu’après la mention de 1318 du saxum
Valerie
de Covent, ce nom ne concerne plus que la porte, ce qui a
probablement laissé tomber sa signification lentement dans
l’oubli. Comme nous l’avons déjà vu, en 1337 il est question du
lieu appelé en porta de
Covent. À partir de ce moment-là, la porte et Covent sont
liés, à moins qu’on découvre d’autres documents prouvant le
contraire. Que
le copiste de 1461 siècle emploie le mot de Conventus
qui signifie assemblée, mais au Moyen-Âge aussi couvent, peut
s’expliquer aussi bien par le fait qu’on savait que Covent
signifiait couvent que par la l’érudition „humaniste“ du copiste
croyant pouvoir donner au mot Covent la signification de conventus
ou couvent. Le mot Conventus
semble avoir subsisté jusqu’au début du XIXe siècle.
Il est repris au sein de cette même copie de 1461 par une main
datant environ du XVIIe siècle qui le rajoute au bord
du texte[27]
et se retrouve sur la notice (du XVIIIe siècle?) qui
figure en tête du cahier de 1461 contenant la copie de l’accord
de 1339 et de l’enquête de 1346. Puis on le retrouve sur le
papier de 1800 (?) que l’inventaire de la Bourgeoisie date de
1832. Sans
avoir soumis la question à un linguiste, il faut reprendre la
proposition d’Antoine Lugon pour expliquer la signification du
mot Covent: conventus, car
aucune des réflexions présentées plus haut interdise de prendre
cette possibilité en considération: Covent signifierait tout
simplement assemblée ou couvent. De plus dans le dictionnaire du
patois de l’ancien Lens on trouve le mot covein
qui signifie couvent. Covent pourrait être l’ancienne forme du
mot patois pour couvent, si on ne veut pas y voire un nom propre
dérivé soit du mot latin, soit du mot patois signifiant couvent
et ayant perdu avec le temps sa signification pour plus qu’être
un nom de lieu. Suivant
cette voie en peut voir le Covent du XIIe siècle
comme une réminiscence à un couvent disparu. Qu’un couvent
puisse disparaître et ne laisser aucune trace dans les documents
et dans le terrain, n’est pas du tout du domaine de
l’impossible. La découverte de l’église funéraire à Sous-le-Scex
qui avait été abandonnée peut-être juste avant l’an mille s’est
faite de façon tout à fait inattendue. Son existence avait
disparu de la mémoire des gens de Sion. Malgré
cela, la piste la plus probable pourrait être de chercher un
couvent ou une assemblée au XIIe siècle. Peut-être
existait-il un couvent (ou un ermitage) à l’extérieure de la
ville (qui a peut-être donné son nom a un hameau, aujourd’hui
disparu), à Valère, avant que le château soit construit, ou dans
les environs de notre porte. Connaissant pas les couches
archéologiques vers le mur d’enceinte oriental, un couvent n’est
pas tout à fait à exclure à cet endroit. Il est difficile
d’échapper à la tentation de chercher un couvent vers les
rochers à l’extrémité est du plateau de Valère qui est comme
l’emplacement du château lui-même, un site unique avec une vue
remarquable, mais cette implantation monastique hypothétique
aurait complètement disparu. Sur les rochers on ne voit aucune
trace de bâtiments et les couches archéologiques sous le pré à
l’est de Valère ne semblent pas contenir de traces de
constructions.[28]
Tout porte à croire que dans les abords de Valère les seules
constructions aient été la chapelle de Tous-les-Saints et la
maison de son fondateur, maintenant disparue. Mais n’y aurait-il
pas d’autres possibilités pour trouver un conventus? A
part le fait que le chapitre lui-même peut-être considéré comme
conventus – l’assemblée des chanoines –, il y a un complexe de
bâtiments qui a un certain caractère de couvent: Il s’agit du
château capitulaire de Valère. Valère – je veux dire tout le
bourg capitulaire avec son église cathédrale, son mur d’enceinte
et ses maisons servant d’habitations aux chanoines – n’est pas
seulement un château, mais aussi un couvent. Vu le fait que la
différence entre les moines et les prêtres – dans notre cas les
frères ou chanoines – n’a pas toujours été claire et que, tout
au contraire, il y a toujours eu des tendances à ramener les
prêtres à une vie de type monastique, le siège d’un chapitre
cathédrale est lui même une sorte de monastère, surtout
lorsqu’il forme un ensemble de bâtiments bien séparé de la ville
épiscopale et entouré de murailles – un concept très
probablement mis en œuvre à Valère à partir d’environ l’an 1100
– et que les chanoines y sont assignés de résidence. Notre porte
aurait reçu son nom du château de Valère en tant que couvent. Mais
le mot conventus signifie aussi assemblée, ce qui peut être dans
ce cas-là seulement le chapitre de Valère qui est l’assemblée
des chanoines. La Porte de Covent aurait tout simplement la
signification de la porte appartenant au chapitre. Dernière
possibilité – qui va en paire avec les deux précédentes – c’est
que la porte s’appelle porte de Covent / porta
Conventus parce qu’elle se trouve à la limite d’un espace
particulier dépendant du chapitre (conventus
dans le sens de l’assemblée des chanoines) et qui englobait le
château capitulaire, lui-même une sorte de couvent ou conventus.
Cette partie de la ville était peut-être à l’origine un
espace d’immunité (dépendant de la juridiction et de la
propriété du chapitre?!), comme on les trouvait autour de
certaines institutions religieuses. Cet espace immunitaire
correspondrait à la zone que les chanoines assignés à résidence
n’osaient pas quitter et expliquerait le fait que ce soit ici
qu’on ne connaisse pas d’habitations à part celle qui
appartenait au chanoine Thomas de Blandrate. C’est
cette hypothèse-ci qui met la porte de Covent en relation avec
l’institution et le siège des chanoines – tous les deux pouvant
être considéré comme conventus
– qui nous a l’air la plus plausible. Toutefois cela n’écarte
pas les autres possibilités que ce soit un couvent disparu vers
la porte de Covent ou à l’extérieur du mur d’enceinte ou que ce
soit que le mot Covent ne correspondrait tout simplement pas au
mot couvent ou conventus. La porte de Covent dans l’iconographie Pour
la ville de Sion, il existe un grand nombre de vues de l’ouest
qui donnent à partir du XVIe siècle une idée plus ou moins
précise de la ville. Les vues depuis les autres points cardinaux
sont cependant rares. La plus ancienne gravure montrant Sion est
néanmoins la gravure de Stumpf (1548) qui montre la ville depuis
le nord /nord-ouest. Puis suit la plus ancienne gravure depuis
l’Ouest, celle de Sebastian Münster datant de 1550. La
porte de Covent peut être vue de loin seulement depuis l’est et
le sud. C’est pour cela qu’il n’existe que peu d’images
anciennes de ce mur de fortification beaucoup moins bien
documenté que le mur urbain à l’Ouest.
1. La gravure de Münster de 1550. 2. le
lavis anonyme de la fin du XVIe siècle. Malgré
cela c’est sur la gravure de Münster – une vue depuis l’Ouest –
que notre mur apparaît la première fois. Mais cela n’est pas
clair à priori, vu que la gravure de Münster est bien loin
d’être une vue réaliste de la ville de Sion. On y trouve pas mal
de fantaisie. En plus Blondel avait proposé une première porte
au sommet de la rue des Châteaux (sa porte de Covent) et une
autre plus jeune qui correspondrait à notre porte de Covent (sa
porte ultime). C’est pour cela que nous allons nous attarder sur
la façon de Münster de représenter la ville.
Extrait de la gravure de Münster: à
gauche la Sénéchalie (aujourd’hui le Vidomnat) sous le nom de Vogtei,
puis en forme de triple tour circulaire la tour épiscopale, puis
le palais épiscopal, derrière ce dernier l’église Saint-Pierre,
devant cette dernière les chapelles de la Trinité et de
Saint-Paul, à la droite de la Trinité peut-être la tour carrée
qui figure chez Merian et puis la cour du vidomne représenté en
bâtiment à trois niveaux différents. En dessous de l’écusson: la
porte de Covent. Münster
schématise la ville, n’emploie pas de perspective exacte – car
ce n’est pas son but – et crée une image idéalisée où l’on
retrouve la plupart des bâtiments importants de la ville,[29]
plutôt d’une façon symbolique, mais sûrement pas en les
reproduisant fidèlement. Une église ou une tour doit être
reconnue comme telle, sans être représentée dans son aspect
réel. Les différentes maisons n’intéressent pas le graveur qui
ne les représente pas une par une. Le graveur veut simplement
montrer le fait qu’il y a des maisons dans une ville. C’est de
même pour les fortifications. Les murs sont représentés, mais
les différentes tours montrées ne correspondent pas vraiment à
la réalité; il n’y a par exemple jamais eu de tours rondes à la
porte de Savièse et à ça voisine de Loèche. Si
Münster schématise la ville, cela ne veut pas dire qu’il ne
représente pas certains détails précis. Même que schématisé le
clocher de la cathédrale est représenté assez exactement, car on
aperçoit ses fenêtres romanes, sa flèche et les créneaux au pied
de cette dernière. Aussi figurent les trois fenêtre de la
Sénéchalie (aujourd’hui: Vidomnat) appelé Vogtei
par Münster qui sont de nos jours murées. Mais sans comparaison
avec d’autres images iconographiques ou avec l’état actuel dans
bâtiment, il n’est presque pas possible de dire quels détails
ont été représentés fidèlement par Münster et lesquels il a
inventés. La
gravure de Münster a été reprise en 1572 par Braun-Hogenberg et
en 1580/90 par Francesco Valegio.[30]
Ces derniers semblent avoir copié la gravure de Münster sans
s’être rendus sur place et ont changé certains détails, par
exemple en omettant le palais épiscopal. Mais leurs changements
touchent surtout à la façon de reproduire l’aspect général de la
ville et ne semblent pas apporter d’observations nouvelles. Par
contre le dessin anonyme publié par Albert de Wolff en 1969[31]
qui date ce lavis de la fin du XVIe siècle n’est pas
seulement inspiré de Münster – si l’anonyme n’est pas beaucoup
plus proche de Münster qu’on l’avait cru jusqu’à ce jour –, mais
rapporte certains détails qui pourraient être plus exactes que
chez Münster, pour être moins précis sur d’autres points. Le
plan anonyme ne montre pas le palais épiscopal en parallèle à
l’église de Saint-Pierre et remplace les trois fenêtres jumelées
de la Sénéchalie par quatre ouvertures – ce qui nous paraît être
faux –, pour par contre représenter la tour épiscopale en forme
de „triple“ tour rectangulaire, au lieu d’un triple tour ronde,
ce qui à l’air de mieux correspondre à la tour rectangulaire
connue par des plans et certaines vues anciennes (Merian, de
Torrenté …). L’anonyme montre bien mieux que Münster le fait que
la tour épiscopale et la Majorie se trouvaient sur deux hauteurs
distinctes, séparées par un vallon. Münster donne plutôt
l’impression que les deux bâtisses étaient sur un replat commun.
Ce plan anonyme pourrait rapporter des compléments à Münster,
sans avoir une marge d’incertitude plus petite. En
ce qui concerne la porte de Covent, Münster et les images qui en
sont inspirées montrent un mur d’enceinte entre Valère et
Tourbillon, tout à l’arrière de la ville. Au milieu de ce mur se
trouve une tour. Cela correspond à notre mur d’enceinte oriental
avec sa tour (S2) et à son emplacement, surtout parce que ce mur
figure sur Münster et l’anonyme derrière les rochers de
Tourbillon et la colline de la chapelle de Tous-les-Saints. Les
artistes nous montrent à gauche du mur une tour (ou un haut
bâtiment) à moitié caché par la colline de Tous-les-Saints. Chez
Münster ce bâtiment représenté avec une roue est éloigné du mur.
Cependant l’anonyme le dessine exactement là où son mur se
termine, sans qu’une liaison entre le mur et cette tour soit
sûre. S’agirait-il de la poudrière, d’une tour du mur est ou
d’une autre bâtisse? Nous ne le savons pas. On
pourrait faire objection que le mur urbain oriental n’est en
vérité pas visible depuis l’Ouest. Mais cela n’est pas un
argument contre sa représentation par Münster et les autres
artistes, tout au contraire. Nous ne connaissons jusqu’à
aujourd’hui aucune trace d’un autre mur médiéval barrant le
vallon entre Valère et Tourbillon. Les vestiges des défenses
orientales sont identiques à la porte de Covent des sources
écrites et c’est elles qui fermaient la ville depuis le
Moyen-Âge à l’Est. C’est cela que Münster et l’anonyme veulent
montrer. Il est très invraisemblable qu’ils aient inventé un mur
qu’il ne faudrait pas nécessairement représenter, s’ils en ont
pas eu connaissance. Il aurait suffi de faire croire qu’il y ait
des rochers au bout de la ville, au lieu de fausser l’aspect
réel des choses. La forte pente qui monte depuis la ville
jusqu’au vallon entre Valère et Tourbillon est rendue par
Münster presque au même niveau que la ville, afin de pouvoir
continuer l’espace entre Valère et Tourbillon jusqu’à la porte
de Covent et afin de pouvoir représenter le Rhône après un long
paysage presque plat. L’anonyme corrige légèrement Münster en
faisant allusion à la montée entre Valère et Tourbillon par la
disposition des maisons et la représentation du bas de la
colline de Tous-les-Saints qui est placé devant le mur pour être
ainsi à une plus haute altitude que ce dernier. Les
artistes veulent montrer un mur dont ils avaient véritablement
connaissance, comme ils représent aussi le Rhône qui est en
réalité également caché derrière les collines jumelles de Sion.
Et c’est pour cela qu’ils ont la volonté de fausser l’altitude
du vallon entre Valère et Tourbillon et de créer un long espace
presque plat derrière la porte de Covent. Les différences entre Münster et l’anonyme sont frappantes au sujet de notre porte de Covent: Münster (et les autres gravures dépendant de lui) montre(nt) un mur d’enceinte barrant l’est de la ville avec une tour-porche sans fenêtres en son centre. Derrière le mur on voit sur Münster le Rhône ainsi que des pentes arbrées et peut-être même cultivées qui descendent doucement en direction du fleuve, tandis que l’anonyme dessine tout simplement des arbres derrière le mur et – après un espace vide – le Rhône.
Münster
et les gravures qui en dépendent montrent un mur de hauteur
constante parce que très schématisés. Sur l’anonyme le mur est
plus haut à droite; et on ne voit pas de porte dans la tour au
centre du mur, mais deux fenêtres juste en dessous du toit. On
ne peut pas dire, si le dessin anonyme représente notre mur de
façon réaliste. Il n’est pas difficile de vouloir voir dans les
représentations de Münster et l’anonyme la petite tour S2
aujourd’hui transformée en pavillon de vigne et les tronçons de
mur avoisinants. Mais
sur l’anonyme, serait-ce vraiment une vue depuis l’Ouest? Il se
pourrait que l’anonyme ait repris l’aspect que le mur avait
depuis l’Est. Cela ne serait pas étonnant vu que – comme Münster
– l’anonyme tourne la cathédrale de 90 degrés afin que la nef et
le chœur y soient représentés et montre la façade nord de la
tour de la Majorie qui n’est (presque) pas visible depuis
l’ouest. Supposant que l’anonyme aurait choisi une vue de la
porte de Covent depuis l’orient, on pourraît être très proche de
la réalité, car cela permettrait l’identification suivante: A
gauche on verrait le vallon sud barré par le mur S1 (y compris
l’arc de décharge?), puis la tour sans porte visible – vu que la
porte se trouverait déjà à l’emplacement actuel qui n’est pas
visible depuis cet angle – et pour finir le mur S3 qui remonte
légèrement la pente jusqu’au bastion S4 auquel la tour derrière
la colline de Tous-les-Saints ferait eventuellement allusion.
Cette variante est tout à fait plausible. Mais il faut admettre
qu’elle a une tendance à „sur“-interpréter
le lavis anonyme qui comprend trop peu d’éléments, si pas des
éléments venant de la fantaisie de l’artiste.[32]
Détail du lavis anonyme. En
tout cas les gravures de Münster et de ses successeurs
schématisent fortement le mur, tout au contraire à l’anonyme qui
lui donne un air réaliste, ce qui ne prouve pas que sa
représentation corresponde à la réalité. Puis
la porte de Covent disparaît des représentations de la ville
pendant deux centenaires. Merian et ces successeurs ne la montre
pas dans leurs vues de Sion depuis l’occident. Peut-être la
gravure sur bois datée par Gattlen dans les environs de 1600 –
également une vue de la ville depuis l’ouest – dissimule à
quelque part notre porte, de la même sorte que la chapelle de
Tous-Les-Saints (ou l’église de Saint-Pierre?) y figure à cause
de l’écusson juste à gauche de Tourbillon et pas à côté de
Valère. Cette toute petite représentation de Sion ne permet
seulement l’identification des bâtiments les plus importants.
C’est pour cela qu’il n’est pas facile de dire, si la porte de
Covent y figure ou pas.
C’est
seulement au XVIIIe siècle que la porte de Covent apparaît à
nouveau dans une illustration: Le dessin de Jean-Adrien de
Torrenté exécuté vers 1760 nous offre une des rares vues de la
ville de Sion depuis le Sud. Notre mur oriental y est représenté
d’une façon réaliste et légèrement simplifiée. Extrait du dessin de Jean-Adrien de
Torrenté vers 1760. On
y voit toutes les parties de ce mur d’enceinte, y compris la
petite tour et le bastion, bien que ce dernier soit représenté
trop petit. Les deux vallons descendants vers le Rhône y
figurent avec des cultures (vignes?). La disposition des
meurtrières et des créneaux ne semble pas tout à fait
correspondre à ce qu’on voit sur les photos et sur place.
Surtout dans le mur à l’est du bastion, voit encore aujourd’hui
des meurtrières qu’y ne figurent pas sur le dessin qui montre à
leur place des créneaux dont l’existence devrait être vérifiée
sur place: Peut-être trouvera-t-on une amorce de créneau (ou
bien une séparation entre un mur non-crénelé et le bastion muni
de meurtrières et créneaux?) sous le lierre, là où le mur touche
le bastion. Sur le dessin, il manque les créneaux du bastion – à
cause de sa minuscule représentation? –, mais pas les
meurtrières. En direction de Tourbillon le mur de fortification
semble aller bien plus loin que l’endroit où le mur existant
semble disparaître dans le mur de vigne moderne. Malheureusement
de
Torrenté ne nous montre pas l’emplacement de la porte.
Correspondrait-elle à l’entrée actuelle à la tour qui ne peut
pas être visible sur cette vue? Plus
tard le mur figure sur des plans qui ne sont pas toujours très
fiables dans leur représentation. Il arrive aussi que les
fortifications orientales ne soient pas inscrits sur les plans,
ce qui montre qu’elles avaient perdu leur importance. Ainsi
sur une lithographie de 1820 qui a sûrement moins une ambition
d’exactitude dans les détails que de créer une certaine
atmosphère les défenses orientales semblent y figurer de manière
assez discrète. Puis
en 1800 ou 1832 on retrouve la porte de Covent sur la fameuse
double feuille de papier traitant le terrain (la parcelle
actuelle no 1566?) juste en dessous du mur de
défense. Sur ce croquis figurent aussi les différents
propriétaires des terrains avoisinants et une explication de la
rive du Rhône. Le
mur (antiqua
moenia) y est représenté de façon légèrement
schématisée. On y aperçoit le crénelage du mur, le coin
sud-ouest du bastion (S4) et la tour (S2, Porta
Conventus) qui est tournée par le dessinateur de telle
manière qu’on y voie la porte. C’est en direction de Tourbillon
(vers S4 et S5) que la représentation du mur devient le plus
schématique. Malgré cela on voit à gauche de la tour des
créneaux dont l’existence n’est connue ailleurs (simplification
ou observation du dessinateur?). Croquis
de 1800 (?) montrant la porte de Covent depuis le Sud. On y
aperçoit les différents propriétaires des terrains avoisinant
celui dont il est question dans le texte à gauche du croquis.
ABS, tir. 99-13.
Vue de Valère et Tourbillon depuis le
midi 1820; lithographie, 17,4 x 25 cm (Gattlen 519. Photo
Jean-Marc Biner). La porte de Covent y figure très
vraisemblablement: Sur l’extrait à gauche en croit reconnaître
la tour S2 à l’avant et le bastion S4 à l’arrière. Le
plan de la route de Genève à Milan (1802) montre la ville de
Sion, mais notre mur n’y est pas représenté. N’avait-on pas vu
les défenses orientales ou n’intéressent-elles tout simplement
plus? Valère et Tourbillon y sont représentés d’une façon assez
schématique. Le
plan de 1825 se trouvant dans le fonds Louis de Riedmatten et
orienté vers le Sud est plus précis. Ici on trouve notre porte
de Covent, même que très schématisée, ainsi que les
fortifications orientales de Tourbillon juste au nord de la
porte de Covent. Le principe a l’air d’être juste. Les deux murs
ne sont pas reliés, car il y a une pente rocheuse qui barre le
passage à cet endroit. Puis
en 1907 on retrouve notre mur enfin dans une géométrie correcte
sur le plan de Kalbermatten. Le domaine capitulaire de Valère ne
comprend plus qu’une partie de l’ancien espace „immunitaire“
connu au Moyen-Âge qui est surtout morcelé vers Tourbillon, mais
aussi vers l’ancien palais épiscopal (théâtre de Valère) et vers
la porte de Covent. Le chapitre n’est plus que riverain de la
partie nord-est des fortifications orientales. C’est à peu près
à partir de ce moment-là qu’on les retrouvera sur tous les plans
de la ville Sion.[33] Sur
son croquis de Tourbillon Wick (1864–67 en Valais) montre en
1865 notre porte de Covent juste au sud des défenses orientales
de Tourbillon. Malgré le fait que Wick ne se tienne pas aux
proportions, on y retrouve les éléments principaux de nos
défenses orientales. De
même on les retrouve sur la représentation originale de
Tourbillon de Brunarius qui est conçu comme plan toute en
dessinant certaines élévations du château. Brunarius indique
également les éléments principaux de la porte de Covent; par
contre il semble mettre son emplacement trop à l’Est (!), si on
ne veut pas croire qu’il aurait dessiné un mur de vigne au lieu
des défenses est. Brunarius a séjourné en Valais en 1888/89. Puis
au milieu du vingtième siècle Max Chiffele, Raymond Schmid et
F.-O. Dubuis – lors de son rapport après l’incident de 1955 –
ont montré un intérêt aux défenses orientales en les
photographiant, ce qui permet de comparer l’état de conservation
de notre porte de Covent vers 1950 à son état actuel.
Extraits du plan de la route
de Genève à Milan par le Simplon (1802), Archives nationales de
France, Paris. Plan au 1:5'000.
Extrait d’un plan de 1825
(AEV, Louis de Riedmatten, P19).
Plan de Tourbillon par Wick
de 1865). Tourbillon Iconographie 27).
Vue de
Tourbillon par Brunarius 1888/89 (Tourbillon Iconographie 76).
[1]
Voir pour le développement de la ville: Dubuis-Lugon, Sion
jusqu’au XIIe siècle, et Dubuis-Lugon, Sion
jusqu’au XVIIe siècle. Dubuis-Lugon, Sion
jusqu’au XVIIIe siècle. Plus d’informations
détaillées sur la ville et ses bâtiments se trouvent dans
Dubuis-Lugon, Inventaire,
voir pour les murs d’enceinte, p. 370-371. [2]
Imhoff, la démolition des remparts, résume bien la chose. [3]
Antonini-Guex: Sion,
Place et Rue des Remparts. Voir aussi:
Antonini-Guex, Sion,
Rue du Grand-Pont. [4]
Vallesia 99, p. 341-45, Vallesia 97, p. 458 et Vallesia
1989, p. 381–382. [5]
ABS, Tir. 99-3. [6]
Voir plus bas le plan! [7]
Archives des Monuments Historiques, C 136/1402. [8]
Loèche fait partie comme Naters de ces biens qui sont donnés
par l’empereur à l’église de Lausanne et puis à celle de
Sion, pour finalement être contesté par autrui (la Savoie et
peut-être l’abbaye de Saint Maurice). Au XIIe
siècle il y a aussi certains problèmes en ce qui concerne
des biens du Grand St Bernard qui ont à l’origine appartenu
à l’église de Sion. [9]
ACS, Th. 37-1 (ancienne cote: S 106). CS 14. [10]
Holderegger, Valeria, où les plans et coupes de l’église résument bien l’idée de
ce chercheur sur le développement de ce bâtiment. Pour le
moment les travaux de restauration à Valère ne semblent pas
avoir mis au jour de vestiges plus anciens que le XIIe
siècle. Pour trancher sur la question de l’âge de Valère et
préciser les recherches de Holderegger, il faudra atteindre
la fin des travaux et les publications qui en résulteront. [11]
ACS, Tir. 6-12 (ex G 126); copie vidimée de l’année 1461 de
la charte qui avait été tirée des registres de chancellerie
en 1367. Gremaud 1746: […]
quod custodia porte
Conventus ad ipsum capitulum pertinebat et in
possessione fuit custodiendi dictam portam tanto tempore
quod de contrario memoria non extabat, quousque dicti
cives anno preterito dictam custodiam occupaverunt in
preiudicium capituli supradicti, ipsum capitulum dicta
custodia indebite spoliando; dictis civibus
respondentibus quod dicta custodia ad ipsos pertinebat,
sicut custodia aliarum portarum civitatis. [12]
[…] quod
dictum capitulum dictam portam Conventus custodiat et
custodiam habeat de cetero, addito quod ipsi cives, si
contingeret aliquod maleficium perpetrare in civitate
Sedun. vel infra banna predicta et timeretur de fuga
perpetrantis dictum maleficium, quod ipsi possint dictam
portam custodire ad obviandum dicte fuge vel donec
dictum capitulum fuerit vocatum per cives ad dictam
custodiam faciendam, et omni alio tempore pertineat
dicta custodia ad capitulum memoratum, et omnis modis
dictam portam custodiat dictum capitulum in futurum,
quod ob defectum bone custodie dicti cives et ecclesia
Sedun. nullum dampnum seu detrimentum pati possint. [13]
ACS, Tir. 6-11 (ex B 61; original) et Tir. 6-12 (ex: G 126;
copie comprenant aussi le compromis de 1339 cité avant; les
deux sources vont être rééditées par Chantal Amann-Doubliez
dans le cadre d’un travail sur le bourg de Valère). Gremaud
1911, p. 448. – Selon Chantal Ammann-Doubliez il y aurait
aux archives Bourgeoisiales les actes sur un procès du XVIIe
entre la ville et le chapitre au sujet des droits de
juridiction de ce dernier. [14]
ACS, livre de la métralie 2, p. 56: / Item
xx s. quos idem habuit ab hominibus de Magy pro custodia
porte de Covent. / [15]
ACS, Ba 12 (Ex: G 154). Gremaud 1417. [16]
ABS, Tir. 99-13. Voir plus bas! [17]
Blondel, origines, p. 41–43. [18]
Dubuis-Lugon, Sion jusqu’au XIIe siècle, p. 18 note 18. [19]
ABS 32/2/b, fol. 16 v (II Kal. déc. 1318), livre du XVe/XVIe
(?) siècle contenant les copies de diverses chartes: super
unam vineam que est de dote mea dicte Ysabellon / sitam
subtus saxum Valerie de Covent et juxta vineam
al'Estevenoula et juxta Rodanum. [20]
ACS, Th. 64-16. [21]
Voir Vallesia 2006, p. 433–435, où l’on trouve
malheureusement aucune information sur la datation de ces
fortifications. [22]
Pour la localisation de la porte, voir aussi les autres
documents que nous citons ici et aussi la
charte de chancellerie du 16
février 1345 aux ACS, Th. 53-355,
sur la vente par un certain Willermodus, fils de Willyo
Piscatoris d’une rente assignée sur le viridarium
meum
et ortum cum insula contigua […] que jacent versus
portam de Covent versus Rodanum, / juxta terram dicti
Willyo patris mei a parte montis Turbillionis, et
viridarium dicti emptoris ab occidentali et pratum
Johannodi de Cruce ab orientali / et Rodanum a parte
inferiori. [23]
ACS, Min. A
16, p. 99: super
quamdam peciam terre campi / vinee sitam versus portam
de Covent, juxta terram Uldriodi de la Ruvina ab /
oriente, et juxta terram canonie domini Willermi de
Marlio canonici sedun. et heredum / Willermodi de la
Mura ab occidente, et subtus saxum de Turbillion et
supra viam / publicam de Porta de Covent euntem apud
Rodanum. [24]
ACS Th. 53-422: […]
/ unam peciam terre,
prati, viridarii et vinee […] / sitam versus portam de
Covent subtus viam de Turbillion que tendit versus les
Plastreyres, juxta viridarium et res dicti emptoriset
tendit usque / ad rem dicti Christofori a parte Rodani
et juxta rem eiusdem emptoris ab occidentali, et juxta
rem dicti Willyo patris mei ab oriente. [25]
ABS, Tir. 99-13. Nous nous contentons d’une transcription
provisoire de ce texte où les lettres se ressemblent parfois
beaucoup. [26]
Lugon, noms de lieux, p. 15. [27]
L’enquête originale de 1346 écrit porta
de Covent, le vidimus de 1461 porta
de Covent avec un neuf tyronien pour co
ce qui pourrait aussi être transcrit par con
pour Convent.
Dans l’accord de 1339 le copiste de 1461 nomme notre porte porta
Conventus (Con
au lieu du neuf tyronien) ce qui est repris au bord par une
main du XVIIe (?) siècle, puis porta
Conventus / Coventus avec un neuf tyronien. Pour lui
le neuf Tyronien signifie – en tout cas en ce qui nous
concerne – con,
et non co, tout
en supposant que le copiste soit conséquent. [28]
Voir Vallesia 2006, p. 429–432. F.-O. Dubuis avait surveillé
les tranchées pour «Sion et lumière» dans les années
cinquante, sans qu’une maçonnerie apparaisse. [29]
Valère, Tourbillon, la cathédrale, la Majorie, la Sénéchalie
(Vidomnat), l’ancien palais de l’évêque, la tour de
l’évêque, la cour ou tour du Vidomne, les édifices religieux
de Saint-Théodule, Saint-Pierre, de la Trinité, de Saint
Paul etc. [30]
Gattlen 2 (voir aussi 7), 4 et 9. [31]
De Wolff, Plans visuels inédits, p. 135 et planche I. Le plan est „entré au musée de Valère le 2
décembre 1901, sous le numéro d'inventaire 1121.“ [32]
Il faudrait tout de même revoir l’anonyme dans sa forme
originale. Il se peut que les copies que j’ai utilisées
donne une fausse impression de la façon de procéder de
l’anonyme. Pour les fenêtres, j’ai souvent interprété un
trait comme représentant une baie. Si à l’inverse un trait
ne montrait pas une fenêtre, mais le cadre d’une fenêtre,
alors quatre traits verticaux ne signifieraient pas quatre
fenêtres, mais seulement trois. Dans ce cas-là, il se
poserait la question d’un lien beaucoup plus étroit entre
les deux représentations (Münster et l’anonyme). [33]
Il faudrait vérifier, si la porte de Covent ne figurerait
pas sur les plans du cadastre des années 1870 aux archives
municipales.
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